Communauté "La Poudrière"
Communauté de vie autogérée cherchant à expérimenter une alternative au capitalisme et à l'individualisme, où l'humain redevient priorité.
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Fresque réalisée par Jean-Marc Collier à l'occasion des 50 ans de la Communauté
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À l’origine, une nouvelle solidarité
C’est en 1958, qu’autour de deux prêtres et un couple, à partir de rencontres
avec des croyants et des clochards, naît le projet de la communauté de la Poudrière dans un quartier déshérité de Bruxelles, à la porte de Ninove.
Avec un objectif très précis, « être présent », avec la découverte de l’infortune, de l’amitié, dès le départ il y a partage de la vie de chaque jour, ce qui permet de substituer à l’habituelle charité « travailler pour », une nouvelle forme de solidarité « travailler avec ». Le projet prévoit donc de mettre en commun la vie de personnes en difficulté et d’autres qui ne le sont pas. Cela passe par des repas et un travail en commun, le logement dans un même lieu mais avec des espaces privatifs.
Bref historique
Personne n'a eu l'idée, au départ, de fonder une communauté. Celle-ci est née d'une réponse positive aux questions exigeantes de la vie elle-même.
Nous sommes en 1958
Deux Pères Oblats, le Père Aimé et le Père Léon, sont envoyés dans un quartier déshérité de Bruxelles « le Coin du diable! » Aucune mission précise ne leur est donnée sinon celle d'y assurer une présence.
Un sans-abri frappe à la porte et demande à loger. Après un premier refus, la concertation des deux religieux les porte à constater qu'ils avaient refusé le Christ ! On l'a laissé dehors comme jadis à Bethléem. S'il revient, on dira « Oui !» et il revient en effet … « c'est Oui, tu peux loger ». Un OUI, dira le Père Aimé, qui en appellera beaucoup d'autres. « C'est fou ce que les gens se précipitent dès qu'une porte s'entrouvre ! ».
Au même moment, dès janvier 58, un couple chrétien, Lion et Poney, désireux de « vivre l'évangile » rejoignent ces deux religieux, avec deux jeunes enfants, suivis bientôt de tous ceux qu'ils accueillent. Après une première hésitation vite surmontée, ils ont cette audace, cette folie, de mettre leur salaire en commun On peut comprendre les réactions négatives de leur entourage familial et amical : « Sont-ils devenus fous ?… »
Ils vont désormais travailler tous ensemble et mettre en commun ce qui rentrera. Ils rendront des petits services dans le quartier, sans facturer leur peine, se contentant d'un pourboire occasionnel. Le pluralisme sera un élément important dès le début de cette vie nouvelle qui va se découvrir communautaire petit à petit. Tous n'étaient pas chrétiens, on va apprendre à se respecter dans la et dans les différences.
Dans les années 70, la communauté entre dans le mouvement Emmaüs fondé par l’abbé Pierre, tout en gardant sa spécificité propre de communauté à caractère familial possédant un projet de société incluant des personnes très différentes…
Aujourd’hui, environ 60 personnes vivent ensemble sur 3 lieux géographiques : Bruxelles, Péruwelz et Rummen.
Apprendre à vivre ensemble.
La communauté est avant tout un partage au quotidien de nos vies.
Chaque journée vécue tisse notre amitié et renforce la communauté dans son projet fondamental : vivre ensemble au-delà de nos différences, dans la transparence de nos limites et l’enthousiasme de nos efforts.
La journée commence par le petit déjeuner. Ensuite nous retrouvons nos activités qui seront aussi rythmées par les pauses café, des moments de rires ou d’intimité, de confidence, dans le partage du quotidien.
Les trois repas de la journée sont pris tous ensemble, sur de longues tables, sans places définies afin de nous permettre de nous retrouver au fil des jours, des semaines, des années… Les repas partagés sont un des moments essentiels de la communauté.
Les temps de loisirs (soirées, week-ends de détente, vacances, sorties communautaires) et les moments festifs (anniversaires, baptêmes, mariages, Pâques, Noël et Nouvel An,…) sont nombreux et à chaque fois aussi le moment de sceller notre amitié, de vivre la réconciliation, de retrouver la force de vivre ensemble.
Enfin, notre quotidien est aussi rythmé par des réunions pour nous organiser, partager sur le sens de notre vécu, et décider des orientations à prendre.
Mise en commun
En mettant en commun, radicalement : nos revenus, nos capacités, notre temps, nous pouvons accueillir et aider d’autres personnes.
En mettant en commun, la communauté montre comment les choses ne sont pas là pour être entassées, accumulées, gaspillées, mais bien distribuées, partagées, mises au service pour les besoins de tous.
Pluralisme
Vivre ensemble, c'est vivre en harmonie avec des personnes de confessions diverses, pratiquantes ou non, agnostiques ou athées, ou de traditions différentes.
Entre hommes et femmes, célibataires ou couples, avec ou sans enfants.
Entre jeunes et plus âgés.
Des gens de tous les continents, migrants ou en exil, en recherche.
De cultures, milieux sociaux, niveaux de vie, et de capacités très variées.
Certains qui ont fait le choix de venir vivre ici, et d’autres qui ont cherché un toit, la nourriture, un réconfort, de la compagnie, un sens à la vie…
Il s’agit de vivre une unité dans la diversité où les différences, les compétences, les motivations, loin d’être source d’inégalité sont « COMPLÉMENTARITÉ ! »
Le travail
La vie commune est l’affaire de tous et chacun participe à sa manière, avec ses possibilités.
La communauté s’est construite à partir de son propre travail pour assurer son cadre de vie : aujourd’hui nous vivons principalement sur base d’activités de récupération : nous collectons des biens que les personnes nous donnent ou que les grosses sociétés ou les administrations ont déclassés ou jetés.
Il faut ensuite trier et recycler les diverses matières, mettre en vente dans nos magasins de seconde main ce qui peut encore servir et contribuer ainsi à un travail de récupération et de préservation de l’environnement.
Pour une partie de la population belge, cette activité répond à un besoin réel de pouvoir se meubler, s'habiller, se faire plaisir et s'équiper à tout petit prix.
La communauté assure aussi sa propre intendance, l'entretien ou la rénovation de ses bâtiments ainsi qu'une certaine production agricole en fruits, légumes, œufs et viande
La répartition des tâches se fait en concertation, en essayant de valoriser le travail en équipe et la formation, et de partager au mieux les responsabilités.
Les objectifs et les moyens
Nous sommes si différents, nous venons d’horizons tellement éloignés que, si nous n’avions pas de points communs, la communauté ne pourrait pas vivre bien longtemps…
Ces points communs sont venus avec l’histoire du groupe et ont d’abord été vécus, avant d'être analysés et écrits ; ils se résument en 5 objectifs :
1. Être présent, au monde, avec les voisins tout en montrant une autre manière de vivre et de partager. Être présent aussi dans toute une série de mouvements d'interpellation : il existe d'autres communautés qui se retirent de la société qu'elles trouvent avilissante. Nous disons que, si nous voulons changer cette société, nous devons le faire de l'intérieur, de façon pacifique mais avec détermination.
2. La présence à l'autre n'est pas possible sans amitié, sinon il n'y a qu'une relation d'aide. L'amitié est une magnifique force de transformation de nous-mêmes et du monde, c'est elle qui permet de dépasser les difficultés. Nous ne pouvons plus rien faire sans tenir compte de l’autre… non seulement être ensemble, mais aussi grandir ensemble dans un projet qui nous dépasse.
3. Pour nous, la justice ne signifie pas donner la même chose à chacun. Nous devons recevoir selon nos besoins réels, et donner selon nos capacités. Nous devons donner la priorité à celui ou celle qui a souffert le plus, celui ou celle en qui plus personne ne croit ; pas pour faire quelque chose pour lui, mais avec lui construire un projet dans lequel il est totalement impliqué (« la pierre rejetée devient la pierre angulaire »). Quand une personne fragilisée bascule dans la pauvreté, c'est comme si elle tombait dans un trou. Il faut alors des personnes qui soient là pour elle (services sociaux, aides d'urgence), mais il faut aussi et surtout des personnes qui, avec elle, vont vivre le partage et boucher ce trou. Il n'y aura aucune évolution réelle, aucune révolution crédible, si ceux et celles qui ne comptent pas n'y participent pas de façon prioritaire.
4. L’utopie ou l’espérance : Un monde meilleur n'est pas impossible à atteindre, mais nous devons y travailler un peu chaque jour, à une vitesse humaine. L’Utopie, c’est rendre possible ce qui est bon au fond de nous-mêmes.
5. Ces 4 premiers objectifs sont importants pour changer le monde autour de nous. Mais tout aussi important est de se changer soi-même : l’ascèse ou la formation, pour nous, signifie découvrir en soi quelque chose d'essentiel et de pacifiant, un bonheur qui ne dépend pas de l'avoir, de la bonne humeur du voisin et que l'on ne peut pas acheter dans un magasin. Vivre ensemble est une école de vie qui nous aide à grandir. L'ascèse n'est pas une question de souffrance, mais plutôt d'éliminer ce qui nous éloigne de l'essentiel, à travers le «lâcher-prise»
Pour vivre ces 5 objectifs, nous avons choisi 4 moyens :
1) En mettant en commun ce que l'on est et ce que l'on a, nous voulons montrer que le partage est un projet viable et que la propriété privée n'est pas incontournable.
2) Un style de vie simple nous épargne d'inutiles discussions trop matérielles.
3) Le travail est important pour impliquer chacun(e). Nos travaux peuvent être faits par toute personne de bonne volonté. De plus, grâce au travail, nous ne dépendons pas d’aides ni de subventions, et sommes libres de choisir les priorités qui nous semblent les meilleures.
4) La fidélité aux personnes, même avec leurs fragilités, et aux objectifs, même avec leur radicalisme, nous permet de garder l’équilibre entre l’humain et l’idéologique.
Communauté ?
Pour avoir une vraie communauté, il faut garder un équilibre entre 3 types de relations, symbolisées par des flèches.
La flèche qui part de l’intérieur représente tout le message que le groupe veut diffuser, veut apporter au monde qui l’entoure.
La flèche qui part de l’extérieur représente tout l’apport qui vient du monde extérieur : les personnes (l’accueil, les clients, les bénévoles, les amis, le voisinage, les associations locales …), les choses, etc.
La flèche interne représente toutes les relations intérieures que le groupe développe pour vivre et pour rester cohérent avec le message qu’il veut transmettre.
Levons-nous !
Les crises mondiales sont multiples et nous imposent de modifier radicalement notre façon de vivre pour tenir compte des générations futures et d’un nombre croissant de personnes rejetées, exclues.
Nous connaissons sûrement la devise de la France : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Le Communisme était basé sur l’égalité… ça n’a pas marché. Pour le Capitalisme, la liberté est au centre de tout : ça ne marche pas.
Et la fraternité n’a pas encore été assez étudiée ni expérimentée.
Aucun système économique, aucun homme politique n’a encore eu le courage ou l’idée de proposer un projet d’espérance à long terme, un projet qui s’attaque aux racines de cette situation désastreuse : le manque de partage.
Partager peut être un projet d’autogestion qui ne dépend pas de dons ou de subsides.
Partager peut prendre plusieurs formes : le monde peut devenir une communauté de différentes communautés, reliées entre elles par des réseaux spécifiques (certains existent déjà). À côté des réseaux « sociaux », développons les réseaux «fraternels ».
"En entrant à la poudrière vous ne serez jamais tranquilles mais vous resterez vivants"
Père Léon